Présence contemplative au cœur du monde
Rien n’est bon comme le détachement de soi-même, rien n’est déplorable comme la paresse spirituelle, j’en sais quelque chose---------Offrez-vous tous les matins et ne vous reprenez pas dans la journée---P. François Picard///////Il y a toujours à supporter, et tout le monde fait supporter. Il faut savoir se supporter mutuellement avec beaucoup de bonté, de patience, mais en même temps d'austérité de langage, avec l'affection des personnes données à Dieu---------- Je voudrai que pour nous prière et acte d’amour fussent synonymes----Mère Isabelle

L’entrée en carême, vers Pâques… et la Pentecôte !

Carême

Avec l’entrée en Carême, trois mois s’ouvrent devant nous ! L’horizon est fixé sur le 31 mai prochain et le dimanche de Pentecôte qui achève le temps pascal. Beaucoup de nos propositions pastorales insistent sur le Carême plus que sur le temps pascal. Mais la liturgie accorde cinquante jours au déploiement de la résurrection du Christ, davantage qu’à sa préparation en quarante jours. Et ces trois mois d’une vie liturgique intense et variée nous donnent accès aux plus belles pages des Écritures.

Or, dans l’écoute de la parole de Dieu, c’est déjà l’Esprit de Pentecôte que nous pouvons invoquer. Les lectures de ce premier dimanche de Carême convergent sur le risque mortel de tordre l’Écriture. Dans l’évangile de Matthieu comme dans la Genèse, le tentateur gauchit volontairement la parole de Dieu. Ce mensonge initial perturbe Ève puis Adam, tandis que Jésus résiste à cette manœuvre diabolique en s’appuyant sur sa relation au Père.

Nous connaissons les risques d’une lecture fondamentaliste de la Bible, mais l’Écriture elle-même nous prévient d’un danger structurel, celui de recevoir la parole de Dieu en la tordant à notre profit. La pédagogie de la liturgie est donc d’insérer la lecture des Écritures à l’intérieur d’un cadre qui doit nous protéger de toute manipulation mortifère.

Dans la première lecture de ce premier dimanche de carême, la question du serpent donne à la femme l’occasion d’exprimer à voix haute ce qu’elle sait de l’interdiction concernant l’arbre au milieu du jardin. Après avoir rappelé que le don de Dieu est premier et concerne tous les arbres, elle rajoute : « Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.” » Pour répondre, Ève répète une interdiction qu’elle n’a pas pu entendre, n’étant pas encore créée au moment où Dieu la donne à Adam.

Or la réponse d’Ève ne correspond pas à ce qu’a dit Dieu qui a seulement demandé de ne pas manger de l’arbre. Il est possible que la transmission ne se soit pas bien faite entre Adam et Ève. Mais il est également envisageable qu’Ève, pour protéger l’interdit, l’ait accentué. Elle aurait alors rajouté l’interdiction de toucher l’arbre qui n’apparaît pas dans l’injonction première de Dieu.

En ce jour où nous communions au Christ vainqueur des tentations, nous nous mettons à l’école de son attitude vis-à-vis du pouvoir et de l’avoir, en accueillant comme lui la vie qui vient du Père. Puisse l’Esprit, dans ces trois mois essentiels, nous donner de recevoir la parole de Dieu sans la gauchir.

Père Luc Forestier, oratorien, directeur de l’Iséo (Institut catholique de Paris)